- Valerie Leblanc, sexologue et psychothérapeute.
Réflexion: la pression de la vie parfaite
Dernière mise à jour : 28 oct. 2023
J’ai reçu plusieurs personnes dans les dernières années qui m’ont parlé de la vie comme étant reliées à des étapes obligatoires prédéterminées. Si elles n’étaient pas franchies, nous avions échoué quelque part. Comme si la vie était une série d’acquisitions ou d’actions décidées par un groupe ou une entité quelconque à l’extérieur de soi. À 20 ans il faut ouvrir des « REER », à 25 ans il faut penser au condo ou à la maison, à 30 ans il est souhaitable d’avoir eu des enfants, à la retraite c’est obligatoire de voyager. Tu seras heureux ou heureuse quand tu auras fait ceci ou cela. La loi du « je dois » et du « il faut » qui nous emprisonne dans l’angoisse et le doute.
Avoir une vision dans la vie je crois que c’est une excellente chose. Avoir réfléchie à ce qui pourrait nous amener du bien, ce qui nous aiderait à nous sentir accomplis est une première étape pour nous permettre ensuite de faire des pas dans cette direction. Lorsque nous savons ce que nous voulons, nous avons tendance, peut-être même inconsciemment, à poser des actions pour l’atteindre. Nous puisons donc à l’intérieur de nous et créons quelque chose à l’extérieur de soi. De façon générale, cela est une bonne formule pour se sentir bien. La route n’est pas toujours droite, mais c’est notre chemin et nos parcelles de bonheur.
Lorsque nous modelons plutôt un idéal de vie à l’extérieur de soi, c’est-à-dire à partir d’une image créée par la société par exemple, nous pouvons ressentir la pression de la vie parfaite qui peut amener une sorte de détresse. Ce qui est véhiculé ne correspond pas nécessairement aux besoins et à la réalité de tous. Et c’est plus souvent qu’autrement axé sur une image idéale de perfection validé à coup de "J'aime" sur les réseaux sociaux. De qui cherchons nous vraiment la validation? Nous sommes tous différents et nous avons des besoins différents. Il n’est pas nécessaire de se mettre un stress pour atteindre une chose à un âge donné dans l’espoir de se valider par le regard « des autres ». La validation extérieure pourrait donner pour un instant un sentiment positif, mais il se dissipera vite si intrinsèquement nous ne sommes pas en cohérence avec le sens que nous donnons vraiment à la vie.
Je propose que nous arrêtions de vouloir atteindre une image qui ne nous ressemble peut-être pas en plaçant le bonheur à demain sous une forme de statut ou de matériel. Revenons plutôt dans l’ici et maintenant pour trouver ce qui nous rend véritablement heureux, que cela plaise à d’autres ou pas.