L'enfant intérieur
Dernière mise à jour : 20 juil.
Avez-vous déjà entendu parler du concept de l’enfant intérieur ou en anglais, le « inner child work »? Dans les dernières années, j’ai observé que de plus en plus de gens en parlaient sur les réseaux sociaux, mais de façon plus ou moins précise et lorsque nous faisons des recherches en français, il y a peu de résultats, à l’exception de quelques méditations dirigées.
Ma formation universitaire en thérapie des schémas m’avait fait connaître cette technique et depuis, je l’utilise comme outil émotionnel auprès de certains patients dans le but de favoriser un contact aux blessures de l’enfance qui ont un impact sur le vécu actuel. Ainsi, il est possible de mieux entrer en empathie avec la partie blessée et apprendre à l’accueillir, la « rematerner », la sécuriser avec sa voix adulte dans le but de la faire évoluer. Il arrive assez régulièrement que je constate que des personnes se critiquent, s’empêchent de ressentir les émotions et se parlent sévèrement plutôt que d’entrer en contact bienveillant avec eux-même.
Le travail plus profond sur le mode enfant est, à mon avis, un travail qui doit se faire accompagné d’un thérapeute formé dans le domaine. Toutefois, il est possible de faire une partie du chemin seul et dans un contexte où vous vous sentez fonctionnel au quotidien. Une personne ne devrait pas utiliser ces techniques, encore moins seules, si elle est en crise, si elle est psychotique, si elle présente un trouble aigu non traité, ou si elle consomme beaucoup.
Ce que je vous présente ici n’est pas exactement ce qui est fait en thérapie des schémas, mais vise à apporter une certaine lumière sur le sujet de l’enfant intérieur et vous permettre de considérer cet outil dans la prise en charge de votre bien-être.
L’enfant intérieur est une partie de soi qui existe même lorsque nous sommes adultes. Il s’agit d’un « mode » qui s’active dans certaines situations selon notre histoire de vie et nos blessures. Par exemple, nous pouvons être fragile à l’abandon en lien à des blessures infantiles autour de ce thème. Dans ce cas, il est possible de ressentir les choses plus intensément et agir de façon plus « immature » quand quelque chose nous rappelle l’abandon une fois adulte. Ceci pourrait être signe que le mode enfant vulnérable a pris la place et qu’il est en lien direct avec comment nous étions à l’âge où les blessures sont arrivées. Si nous ne sommes pas conscients de ce processus, il est difficile d’agir autrement. La considération de notre mode intérieur « enfant vulnérable » pourrait être utile par le fait que nous le reconnaissons et utilisons des moyens plus emphatiques et chaleureux pour nous réconforter. Nommer « je suis dans mon mode enfant vulnérable » peut nous donner un instant pour prendre soin de soi avant d’agir, comme nous le ferions avec nos enfants ou un être aimé. Ceci nous donne le pouvoir par la suite de communiquer notre blessure à la personne concernée de façon saine et plus posée ou de choisir de façon plus éclairée de ne pas agir.
L’enfant est un mode qui n’a pas tous les outils ou dont les besoins n’ont pas été comblés au moment où il en avait besoin. Il est resté figé à un moment X et peut ressortir dans des situations qui rappellent la situation initiale.
Quelques exemples (il en existe une panoplie):
Ne pas avoir reçu de réconfort quand on se blessait: possible mode sévère intégré, manque de gentillesse envers soi ou enfant vulnérable en besoin de réconfort encore présent.
S’être sentie abandonnée par un parent suite à un divorce, séparation: enfant vulnérable dans les situations d’abandon réel ou imaginé.
Avoir manqué de limites et cadres à l’enfance—enfant impulsif/indiscipliné. Agir de façon impulsive selon ses désirs immédiats, le plaisir, sans tenir compte des limites des autres.
Se mettre en colère suite à la perception de besoins affectifs non-comblés: enfant colérique qui pourrait provenir de schémas de type carence affective ou abandon.
L’enfant intérieur c’est aussi la reconnaissance que malgré l’âge sur notre gâteau, nous avons été un enfant naïf, joueur, inquiet, sensible, en colère, perdue, apeuré, etc. Le jour de notre 18e anniversaire, nous ne devenons pas magiquement « parfaitement adulte » et mature. Il existe en nous, ce petit enfant qui a encore besoin de reconnaissance, de réconfort, de bienveillance, d’affection. Cet enfant est parfois oublié au travers les responsabilités, la performance, le rationnel.
Voici un moyen de faire un travail sur l’enfant intérieur:
Exercice d’imagerie de la chambre à coucher ou d’un lieu sécurisant
Installez-vous dans un endroit calme.
Fermez les yeux et respirez profondément.
Lorsque vous vous sentez calme et en sécurité, laissez lentement monter une image de votre chambre à coucher à l’enfance. Ne forcez pas l’image. Si elle ne vient pas ou qu’elle ne représente pas un lieu sécurisant, laissez monter un lieu où vous vous sentiez bien, où vous pouviez vous réfugiez.
Quand l’image est présente, prenez le temps de bien voir les détails: lumière, couleurs, l’espace, les objets.
Une fois que ceci est clair, imaginez-vous, enfant, dans ce lieu. Revoyez l’enfant que vous étiez. Que fait-il? De quoi a t-il besoin? Qu’est-ce qu’il a besoin d’entendre? Qu’est-ce que vous auriez souhaité que vos parents vous disent?
Observez, puis entrez dans l’image en tant qu’adulte et dites-lui ce qu’il a besoin d’entendre.
« Ce n’est pas de ta faute », « Tu mérites beaucoup d’amour », « Tu es en sécurité », « Je te vois », « Je t’entends », « Tes émotions sont valides », « Tu es protégé », « Je t’aime », etc.
S’il est trop difficile pour vous d’accéder à vos souvenirs, ou de créer des images dans votre tête, je suggères de faire le travail avec une photo de vous petit.e.
Observez la photo, connectez avec cette période et dites les phrases importantes à voix haute.
Terminez en vous en faisant un geste de câlin à vous-même si vous le souhaitez. Personne ne vous verra, ce n’est pas le temps de vous juger!
Pour entamer un travail en thérapie:
(Sexologue et psychothérapeute)
Valerie Leblanc, M.A
Sexologue et psychothérapeute
(Montréal et en visio)
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