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  • Photo du rédacteurValerie Leblanc

Porno et vie sexuelle

Dernière mise à jour : 16 juil. 2023


relation sexuelle

Photo by Becca Tapert on Unsplash

J’en ai glissé un mot ici et là au travers différents blogues, mais je crois qu’il est important d’aborder le sujet plus en profondeur. Quels sont les impacts de la pornographie sur la sexualité des gens qui la consomme?

Je constate au fil des années que beaucoup de gens ont fait leur éducation à la sexualité dès l’adolescence en visionnant des vidéos qu’ils n’avaient ni la maturité, ni l’expérience de comprendre. En l’absence d’autres modèles et sources d’informations plus complètes, ils en viennent, bien malgré eux, à intégrer les stéréotypes, les messages de performances et les comportements généraux de la porno comme « la » manière d’agir sexuellement. Pour les personnes qui en ont regardé régulièrement, il s’opère un conditionnement qui amène bien souvent à croire ce cinéma et à reproduire ou tenter de reproduire les mêmes comportements.

À un premier niveau, on me dit savoir que ce n’est que « de la porn » et que ce n’est pas tout à fait réel, mais dans les faits, on s’inquiète beaucoup de notre sexualité.

On s’inquiète de la taille du pénis, de « donner » un orgasme rapidement à l’autre par unique pénétration, de la durée de l’acte et on a parfois une pensée magique face à l’orgasme féminin qui devrait être très facile à obtenir sans quoi il y a un problème. De plus, on se préoccupe peu des zones érogènes en dehors de la zone génitale et on croit que le début de la lubrification est le signe ultime que la partenaire est prête à être pénétrée. On réduit la sexualité à une zone de performance qui devient empreinte de pression pour tous et qui limite l’expérience du plaisir. On commence par deux-trois caresses, on pénètre, l’homme éjacule et c’est la fin. Pas toujours, mais c’est un modèle récurrent.

Il y a des hommes qui vivent beaucoup de stress, car ils ont l’impression de porter le poids de la « réussite » de la relation sexuelle; des hommes qui vivent de l’anxiété de performance et qui ont des troubles érectiles même jeune et en bonne santé; des femmes qui feignent l’orgasme pour se sentir « normales »; une pénétration trop précipitée alors que la femme n’est pas encore assez excitée, de la douleur lors des relations sexuelles; de la honte face au corps; du doute sur soi, de l’insatisfaction sexuelle, etc.. Certaines femmes sont préoccupées par l’apparence de leur vulve et la chirurgie pour réduire les petites lèvres (labiaplastie) a connu un véritable bond dans les 5 dernières années au Canada, particulièrement chez les jeunes femmes. Selon les articles que j’ai consultés, la pornographie et les messages véhiculés sur les plateformes sociales seraient les principaux « responsables » de cette préoccupation du corps, alors que la grande majorité des femmes ayant recours à cette chirurgie n’auraient aucunes anomalies. Il y a aussi un risque de développer une dépendance à la pornographie, mais puisqu’il s’agit d’un sujet en soit qui implique différents aspects je n’irai pas plus loin sur ce sujet précis.

L’idée n’est pas de diaboliser la pornographie, car en tant qu’adulte ou couple, ce type de vidéo peut parfois amener « du piquant » ou aider à stimuler l’imaginaire. Utilisée avec parcimonie et complémentaire à une éducation à la sexualité plus complète, il n’y a pas nécessairement de conséquences personnelles négatives à son utilisation. L’idée est de l’utiliser comme adulte, avec un sens critique et en gardant en tête qu’il s’agit d’un « film ».

J’aimerais proposer une réflexion sur les croyances intégrées qui pourraient venir d’une éducation à la sexualité basée sur ce type de matériel.

Quelques questions de réflexion :

  • Qu’est-ce que la pornographie m’a appris de la sexualité?

  • Quelles sont les « règles » que je retiens en matière de sexualité avec ce type de matériel?

  • Quels sont les éléments positifs et quels sont les éléments négatifs que je retiens?

  • Où s’arrête la réalité et où commence la fiction dans ce type de film?

  • Quels comportements ou croyances auraient pu prendre racine du visionnement de la pornographie?

  • Y a-t-il un impact sur ma conception des rôles de genre dans la sexualité?

En conclusion, quelques phrases clés à retenir lorsque nous pensons à la sexualité et qui peuvent être différentes de ce que nous retrouvons dans la pornographie plus générale « mainstream » : (notez que la pornographie de type « amateur » ou « féministe » apporte des messages un peu plus souples ou réaliste en général).

  • La sexualité devrait être une zone de connexion, de plaisir, d’échanges avant d’être une zone de performance.

  • Le consentement, l’égalité, la communication, le plaisir devraient être centraux.

  • Bien qu’agréable, l’orgasme ne devrait pas être le but ultime à chaque fois.

  • Le corps de l’homme et de la femme étant différents, dans les couples hétérosexuels, il est pertinent de s’y intéresser, poser des questions à l’autre et humblement se laisser guider par les paroles et les gestes du ou de la partenaire.

  • Tous les corps et les préférences érotiques étant différents, une communication ouverte et l’exploration seront des outils pour obtenir du plaisir à deux.

  • Une relation sexuelle « réussie » veut dire plusieurs choses, mais il s’agit surtout d’une expérience dans laquelle on s’est sentie bien.

  • L’anxiété nuit à la réponse sexuelle; Tentez de rester connecté au corps et au moment présent.

  • La plupart des femmes obtiennent un orgasme par stimulation clitoridienne principalement ou par combinaison de pénétration et stimulation du clitoris.

  • On ne donne pas un orgasme à l’autre, on le créer ensemble.

  • Pour être prêt(e) à la pénétration, il faudrait plus de temps à la femme qu’à l’homme en général. Allongement et élargissement du vagin, lubrification, excitation psychologique. Assurez-vous d’être assez excitée et oser le dire s’il y a la moindre douleur.

  • La taille ou la grosseur du pénis dans les films pornos est souvent au-dessus de la moyenne et la manière de filmer ou même de le modifier de façon numérique ou cosmétique donnera une perspective qui amplifie celui-ci.

  • La taille ou la grosseur du pénis n’est pas l’unique gage de plaisir. Chacun(e) aura sa préférence et il existe plusieurs chemins pour le plaisir.

  • Le corps est beau sous différentes formes et apparences. Apprenez à aimer votre corps et évitez toute comparaison pour avoir un meilleur laisser-aller dans la sexualité.

  • La masculinité ce n’est pas qu’être viril ou dominant. C’est beaucoup plus que cela et ça ne passe surtout pas que par cela.

  • Les habiletés au niveau du savoir-être sont aussi importantes que celles au niveau du savoir-faire.

  • Il est essentiel de discuter du moyen de contraception/protection. C’est l’affaire de tous.

  • Soyez vous-même, écoutez-vous, respectez-vous tout simplement!

Quelques outils positifs sur la sexualité :

Livres

  • Come as You Are: The Surprising New Science that Will Transform Your Sex Life

Emily Nagosky

  • Better sex through mindfulness

Lori A Brotto

Sites web

Comptes Instagram:

  • Tubandes

  • Tasjoui

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Quelques articles consultés:

https://www.psychologies.com/Couple/Sexualite/Desir/Articles-et-Dossiers/Sexe-hommes-l-angoisse-de-la-performance/4Se-donner-le-droit-d-etre-faillible

http://sante.lefigaro.fr/article/trop-de-porno-nuit-a-l-erection/

https://www.passeportsante.net/fr/Actualites/Nouvelles/Fiche.aspx?doc=addiction-pornographie-troubles-erection#

https://www.lequotidien.com/le-mag/sexologie/lanxiete-de-performance-399bcdeb584c6e4e1af9599b55a5e860

http://plus.lapresse.ca/screens/e8d4431e-f705-41d8-9ceb-edb9482cb22d__7C__z95~CkT3Z9h9.html

https://thekit.ca/beauty/body/labiaplasty-surgery/

https://www.lehmiller.com/blog/2019/9/27/how-porn-changes-the-way-teens-think-about-sex

Valerie Leblanc, MA

Sexologue et psychothérapeute

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