Valerie Leblanc
Conscience de soi en période difficile
Dernière mise à jour : 16 juil. 2023
“Allez bien c’est du travail”. Voici une phrase que je répète plus régulièrement dernièrement. Évidemment en travaillant comme thérapeute j’ai toujours su que le bien-être n’est pas un état constant et qu’il faut faire des actions pour être en bonne santé mentale. Cependant, on ne se mentira pas, ces deux dernières années ont apporté leurs lots de défis, ce qui a eu un effet sur le niveau de stress et conséquemment l’humeur générale des gens…Et ça se ressent.
Vous l’aurez peut-être remarqué aussi, l’irritabilité et la colère, ainsi que la division sont bien présentes autour de nous. Vous n’avez qu’à oser lire les commentaires sous les articles de La Presse ou du Devoir pour entrer dans un univers de guerre verbale à qui mieux mieux; de méchanceté protégée derrière le clavier; de mention de la covid même si le thème du texte porte sur les piscines hors terre, bref, un défouloir à hargne qui laisse un goût amer sur nos réseaux sociaux et qui reflète une partie du problème actuel: ça n’a pas si bien été que ça. 🌈
Malgré tout, nous n’avons pas besoin de tomber dans un cynisme collectif. Une des belles choses chez l’humain est sa capacité d’adaptation. Suite aux épreuves, il est parfois possible de grandir, évoluer et se transformer. Un des éléments clés pour y arriver est la conscience de soi. Connecter à son monde intérieur nous donne du pouvoir sur nous-même ainsi que sur la gestion saine des émotions. Regarder en soi peut sembler futile ou même faire peur. Certains auront aussi la mauvaise habitude de catégoriser les émotions en deux camps : les bonnes et les mauvaises. Pas du tout. Si elles sont là, c’est pour notre bien, notre survie et pour nous permettre de vivre en société de façon optimale. La colère par exemple peut être mal vue, car méprise avec l’agressivité et la destruction. Face à elle nous avons trois options : l’inhibition, l’affirmation et l’explosion. Bien entendu, l’affirmation est l’option la plus efficace puisqu’elle nous libère de l’inconfort qu’elle peut nous faire ressentir tout en ayant comme résultante le respect de nos limites, le gain souhaité, la résolution d’un problème, etc. Là où il y a des difficultés ces surtout quand elle est implosée et qu’elle nous cause des difficultés physique et psychologiques ou bien quand elle est explosée et qu’elle nous démobilise, ou qu’elle créer de la violence. Faire le choix de s’intéresser à ses émotions, puis de les canaliser avec des moyens efficaces apporte nécessairement des avantages non négligeables. On se sent plus calme, on vit moins de construction émotionnelle forte, notre verre d’eau se vide avant d’être plein (ce qui est bon pour soi et les autres!), et on répond plus facilement à nos besoins. La conscience de soi ainsi que la gestion de ses émotions deviennent donc particulièrement utiles quand nous vivons des périodes difficiles qui activent beaucoup de stress. Bien que prendre le temps de prendre soin de soi peut sembler secondaire dans certaines circonstances, la prise en charge de ses émotions et de son bien-être psychologique devient en fait encore plus essentielle quand le contexte extérieur est difficile. Tout comme les virus, les émotions peuvent être contagieuses. Il est donc important de porter attention aux siennes, mais aussi de se protéger de celles des autres quand elles sont aussi caustiques que ce que je peux voir sur les réseaux, sur la route ou ce que j’entends parfois chez les gens qui travaillent au service à la clientèle.
Le positif entraine le positif, le négatif entraine le négatif. C’est souvent une roue et nous avons tous le choix de décider dans laquelle nous entrons. L’idée n’est pas de vivre dans un monde de licorne tout rose, mais de porter davantage attention à soi et aux autres dans le but de contribuer à un monde plus agréable.
Plus de conscience de soi demande de l’introspection.
Voici quelques moyens pour y arriver :
Méditation (avec guide ou non. App : Headspace, Petit bambou, Calm).
Prendre 2 minutes une à deux fois par jour et faire un « scanner corporel ». Fermez les yeux et imaginez un rayon lumineux passer par chaque partie de votre corps des orteils à la tête. Observez sans jugement. Relâcher les tensions observées. Terminez en vous demandant « quelle est l’émotion principale que je ressens? »
Se pratiquer à mettre des mots sur nos ressenties.
Tenir un journal dans lequel on note nos émotions, les décortiquons, tentons de mieux les comprendre. Quelles sont mes cordes sensibles. Comment se manifeste ma colère? Pourquoi me suis-je sentie triste, etc.
Pratiquer des sports qui nous permettent de dépenser notre énergie.
Réfléchir à nos motivations, c.-à-d. à la force qui nous pousse à agir dans une certaine direction. « Qu’est-ce qui m’a fait réagir ainsi? »; « Pourquoi j’ai fait ce choix? ».
Apprendre à ressentir et moduler nos émotions. Tentez de mettre une note sur 10 à leurs intensités et décidez ce que vous en ferez quand elles deviennent moins intenses. Écoutez leurs impacts physiques. Par ex : la colère donne des maux d’estomac, la tristesse créer un nœud dans le ventre, etc.
6 étapes pour faire face avec conscience aux émotions difficiles :
S’ouvrir au fait que l’on vit une émotion et identifier comment on la ressent
Nommer l’émotion « C’est xy »
Accepter qu’elle soit présente
Se rappeler le caractère temporaire de toutes les émotions
Rechercher la/les cause (s)
Lâcher-prise sur le contrôle de l’émotion (on en fait une action ou on laisser aller)
Plus de conscience de soi permet de se rapprocher de qui nous avons envie d’être.
Le fait de se permettre de prendre du recul de temps à autre est un bon moyen pour aiguiller nos comportements. Est-ce que vous êtes où vous aimeriez être? Sinon, comment pourriez vous vous en approcher? Est-ce que vos actions sont alignées avec vos valeurs? Est-ce que « l’énergie » que vous dépensez est cohérente avec ce qui est important pour vous? Est-ce que votre attitude est à la hauteur de qui vous voulez être?
Prendre le temps de se questionner et réajuster le tir au besoin est une grande preuve de maturité et d’intelligence émotionnelle.
Choisissez de vous éloigner de ce qui vous fait sentir mal, de ce qui vous éloigne de votre soi idéal.
D’ailleurs il peut être pertinent de vous demander qui est ce « soi idéal ». Comment se comporte-t-il, où met-il son énergie, comment agit-il?
Un autre truc serait de faire un choix conscient d’apporter du bien en soi et autour de soi malgré le négatif que l’on peut voir.
Qu’est-ce qui me fait du bien? Qu’est-ce qui me passionne? À quel moment de ma vie j’étais le plus heureux et pourquoi? Comment puis-je contribuer au positif autour de moi?
Finalement, l’état d’esprit peut être quelque chose qui se décide. On a le pouvoir de se dire « aujourd’hui je campe telle ou telle attitude/humeur »; Aujourd’hui mon mot clé est « - ».
On peut aussi décider consciemment que nous ne mettrons pas d’efforts vers les choses sur lesquelles nous n’avons pas le pouvoir en nous rappelant que notre santé mentale est précieuse et que nous méritons d’aller bien.
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