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Photo du rédacteurValerie Leblanc

Réflexion sur les stéréotypes de la masculinité et la sexualité

Dernière mise à jour : 16 juil. 2023


Un homme viril

Suite à diverses conversations récentes, j’avais envie d’aborder le sujet des croyances stéréotypées tenaces en lien à la masculinité et la sexualité. Nous sommes à une époque où le genre n’est plus vu comme binaire et où les gens se questionnent davantage sur leur identité et ce qui les représente vraiment. Toutefois, dans ce blogue, je vais discuter des stéréotypes de la masculinité qui affectent de façon plus ou moins consciente les hommes cisgenres dans la sexualité.


J'entends encore assez souvent que l’homme doit avoir une érection forte, qu’il doit tenir longtemps et que la sexualité est réussie s’il y a eu pénétration. Bien que ceci puisse faire partie des attentes de certain.e partenaires, je crois qu’il est important de dérigidifier cette perception. Pour qu’une sexualité soit « réussie », il me semble qu’il doit y avoir surtout du plaisir et que celui-ci passe par diverses voies. Par ailleurs, selon des études, les femmes lesbiennes ont plus d’orgasmes que les femmes en relation hétérosexuelle. Nous pouvons donc penser que la pénétration à toutes les relations sexuelles n’est pas une obligation au plaisir et à l’orgasme.


Certains hommes se donnent une trop grande responsabilité sur le déroulement de l’acte sexuel et ont intégré que c’est leur rôle de « performer » la relation sexuelle. Dans la conceptualisation d’une relation homme-femme, l’homme a une érection, pénètre, puis éjacule. Dans certains cas, il « donne » aussi de multiples orgasmes à sa partenaire, et ce, en pénétrant uniquement. Ceci est très limitatif lorsque l’on pense à la sexualité à notre époque, et met une pression technique sur les hommes qui apportent parfois des difficultés au niveau de la réponse sexuelle. Plus on est stressé ou plus on est dans l’anxiété de performance, moins on est sujet de son plaisir et de sa réponse sexuelle, donc moins on arrive à avoir une érection. L’érection se produit quand le corps est assez calme et que l’excitation psychologique est assez élevée. Si nous nous sentons l’unique responsable de la réussite de la relation sexuelle, que nous nous mettons la pression pour avoir l’air assez viril, performant, en contrôle, il est probable que la réponse sexuelle soit négativement affectée.


Selon le gouvernement du Qc: "Les stéréotypes sont des idées toutes faites et des images caricaturales qui influencent négativement notre façon de percevoir les gens, d’interagir avec eux et de les traiter. Autrement dit, ils imposent des limites à la personne qu’ils visent, l’enferment dans un rôle qui ne lui convient pas nécessairement et l’empêchent d’être qui elle est réellement."


Les stéréotypes de genre semblent affecter plus les hommes que les femmes dans la sexualité, bien qu’il y ait des impacts importants pour les deux. Être en érection apparait être plus relié à la genralité pour les hommes que d’avoir une bonne lubrification pour une femme par exemple. L’homme se sent plus menacé dans sa masculinité lorsqu’il ne se sent pas performant au lit que les femmes dans leur féminité selon mes observations. Les femmes me parleront de leur désirabilité, mais vont moins se remettre en question. La sexualité est un espace de vulnérabilité qui demande un dévoilement, de la confiance et de la connexion. Il est assez normal que ceci entraine une envie d’être accepté, d’être bien perçu. Cependant, je dis souvent que la relation sexuelle est avant tout un carré de sable pour adulte, un terrain dans lequel on joue. La sexualité n’a pas besoin d’être aussi sérieuse. Celle-ci ne devrait idéalement pas être un espace dans lequel nous confirmons notre genralité, notre valeur, notre compétence. Une érection, une éjaculation ou l’orgasme ne définit pas notre nature. En fait, souvent, ce qui manque chez les hommes qui vivent des difficultés érectiles est la confiance et/ou une éducation à la sexualité saine. Quand l’érection ne fonctionne pas à un certain moment, cela entraine du doute, de la peur et plus de difficulté érectile, car cela devient central dans la tête de la personne qui anticipe et focalise la réussite sexuelle à son pénis. Ceci est un cercle négatif qui fait que le stress apporte plus de stress et tel que mentionné plus haut, nuit à la réponse physiologique.


Lorsque je discute avec certains hommes, je constate l’intégration de fausses-croyances sur la sexualité qui proviennent entre autres de la pornographie. J’ai l’impression qu’à un premier niveau ils savent bien que c’est « du divertissement » et que le tout est du cinéma. Cependant, à un deuxième niveau, nous pouvons voir que certains éléments sont intégrés comme des vérités qui apportent des problèmes dans leur sexualité. Je crois qu’il est important de se rappeler que la pornographie « mainstream » est faite pour les hommes, par des hommes et que le tout est assez phallo centré dans le but de créer des images fortes. On joue avec les stéréotypes de la puissance masculine, de la domination, des femmes qui sont soumises, qui sont rapidement excitées, et qui jouissent sans préliminaires ou stimulation autre que le canal vaginal (très peu sensible).




Ce que je veux apporter est une prise de recul face aux stéréotypes de genre intégrés dans la sexualité. La plupart du temps ils sont nocifs et apportent des émotions difficiles comme la honte, la peur, l’humiliation ou l’anxiété. Un homme n’a pas à être viril en tout temps, comme une femme ne devrait pas seulement être un objet de désir. Pour qu’une relation sexuelle soit réussie, les participants doivent être tout d’abord consentants et enthousiastes, ils doivent avoir un certain désir, s’impliquer dans la montée de l’excitation, puis s’ouvrir et communiquer. La responsabilité de l’acte sexuel revient aux deux personnes (voir plus ;) et non à une personne qui doit prouver quelque chose à lui-même ou à l’autre. Bien que l’acte de pénétration demande en quelque sorte une prise de contrôle, le.a partenaire peut contribuer au plaisir en bougeant, en verbalisant, en communiquant ses préférences, en encourageant, en caressant. etc. D’ailleurs, la pénétration vaginale apporte du plaisir, mais est rarement suffisante pour obtenir un orgasme. Il est donc important d’explorer les autres moyens qui favorisent le plaisir et que les deux soient connectés à leur corps et leurs codes érotiques.


En terminant, ce qu’il faut retenir est que l’adhérence rigide aux stéréotypes masculins dans la sexualité apporte la plupart du temps des anxiétés, qu’ils nuisent à la réponse sexuelle et qu’ils maintiennent une vision de la sexualité qui n’est pas nécessairement ce que chacun a vraiment besoin.

Amusez-vous!


En résumé…

- Le sexe passe par autre chose que l’érection ou la pénétration

- L’érection n’est pas signe d’être plus ou moins « homme »

- Adhérer de façon rigide aux stéréotypes de performance de la masculinité peut amener des difficultés dans la sexualité

- La « responsabilité » du plaisir sexuel revient aux deux personnes

- La pornographie contient des mythes et fausses-croyances qui peuvent nuire à l’expérience sexuelle

- La sexualité est un espace de collaboration, de connexion, de découverte, de plaisir et non de performance avec des exigences élevées



Valerie Leblanc, M.A

Sexologue et psychothérapeute

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