Les 3 lois du corps

Suite à ma dernière publication sur l’impact des croyances et de l’apprentissage de la sexualité sur la dysfonction érectile, je vous présente le concept sexocorporel des trois lois du corps. Bon, ce n’est pas vraiment des lois, mais si je vous disais que vous pouvez avoir un impact sur votre réponse sexuelle et votre perception de plaisir grâce à trois éléments sur lesquels vous pouvez avoir du contrôle, ça pique votre curiosité?

L’approche sexocorporelle tient compte du lien corps-cerveau/cerveau-corps. C’est-à-dire qu’on considère que les deux s’influencent et qu’en faisant des modifications sur l’un, nous pouvons avoir des résultats sur l’autre. Le tout part du principe que nos pensées, nos perceptions résultent en émotions qui influencent le corps. Cette approche s’intéresse au corps et comment l’énergie sexuelle y circule.

Par exemple, une personne qui aurait des peurs, des anxiétés conscientes ou inconscientes, aura des pensées négatives, possiblement une peur et son corps s’en verra modifié. Il sera, sous l’influence de l’émotion, plus tendu et l’excitation sexuelle circulera moins bien. Cela peut résulter en difficulté érectile ou en éjaculation précoce par exemple. L’apprentissage corporel de la sexualité a aussi une influence importante sur la fonction sexuelle. Le fait d’avoir un mode d’excitation lors de la masturbation qui serait trop rigide et répétitif (ex : toujours serrer fort et utiliser une vitesse de frottement élevé) pourrait amener des difficultés en relation puisque le corps apprend une manière précise de ressentir l’excitation qui peut être difficilement réplicable lors de l’acte sexuel avec une autre personne.

Cela nous apporte au concept des trois lois du corps. Ce sont trois éléments qui peuvent être modifiables dans le but de ressentir l’excitation et le plaisir de façon plus ou moins importante. Petite précision : on nomme « excitation » la réaction physiologique à un stimulus (mène à érection et lubrification); tandis que le plaisir est la perception positive de cette excitation. L’excitation physiologique n’est pas toujours accompagnée de plaisir (ex : en lisant une nouvelle ou visionnant un film érotique, le corps peut réagir sans ressentir de plaisir). Une combinaison des deux serait bien sûr souhaitable.

Les 3 lois sont les suivantes :

1. La tonicité (hypotonic à hypertonic)

Pour obtenir lubrification et érection, on a besoin d’un certain tonus. Par contre, une forte tension des muscles périnéaux, des fessiers, des abdos, des cuisses peut amener des difficultés. Une masturbation régulière et limitée à une hypertonicité peut apporter un manque de sensation lors de la pénétration pour l’homme ou une difficulté à détendre les muscles du vagin pour la femme, ce qui peut causer dans certains cas de la douleur et du vaginisme. De plus, bien que la perception de la montée de l’excitation génitale peut sembler plus forte, l’orgasme pourrait davantage être ressenti comme une libération de la tension musculaire que d’un relâchement de tension sexuelle maximale. A contrario, une hypotonicité pourrait empêcher de monter l’excitation jusqu’à l’orgasme et de ressentir le plaisir dans certains cas.

Conseils : prendre conscience du tonus du corps et tenter de trouver un équilibre et faire une variation tension/détention. On ne devrait pas être crispé au point de ressentir une douleur musculaire. Variez le tonus du corps par différentes positions, puis mettez en action tout le corps. Une certaine tonicité dans le haut du corps permet de ressentir davantage le plaisir sexuel. Tentez de ne pas trop être rigide au niveau du bassin, puis pensez aux zones érogènes en dehors des parties génitales. Amusez-vous!

2. Le rythme du corps (lent-rapide)

La lenteur demande une certaine tonicité qui nous permet de monter l’excitation et de profiter plus pleinement des sensations de plaisir. Une caresse lente et douce n’amènera pas la même sensation qu’un toucher fort et plus « passionné » par exemple. Jouer avec les rythmes dans la pénétration peut amener une variation intéressante entre la pleine conscience du mouvement dans la lenteur et la stimulation engendrée par la tension d’un mouvement plus rapide. Encore une fois, trop de lenteur peut faire en sorte que nous sortons de l’excitation, tandis que trop de vitesse peut amener une surstimulation qui amènerait à l’éjaculation précoce ou un orgasme peu senti par exemple.

Tout comme en danse, la manière de bouger influence l’expérience et le ressenti du corps.

3. L’espace des mouvements

Nous parlons plus spécifiquement de l’espace interne : la respiration; et de l’espace externe : le mouvement, l’ampleur du corps.

Une respiration plus ample amène une détente du corps qui est favorable à l’écoute des sensations et peut augmenter la perception du plaisir, tandis qu’une respiration plus courte peut augmenter l’excitation sexuelle en amenant le corps à être plus en tonus.

Le mouvement et l’ampleur du corps peuvent aider à mieux ressentir l’excitation dans tout le corps et diffuser le plaisir. Pensez à un éclat de rire ou une très bonne nouvelle. Il est assez rare que ceci nous amène à nous replier sur soi ou nous rigidifier. Le haut du corps sera en mouvement, le cou penchera vers l’arrière, les bras vont s’ouvrir…donc pour exprimer le plaisir, il faut laisser le corps parler dans le mouvement. À l’inverse, encore une fois, un corps plus restreint et tonic amènera une montée de l’excitation sexuelle.

Ce texte ne remplace absolument pas un traitement en sexo-thérapie, mais vise plutôt à vous sensibiliser sur l’importance du corps dans la sexualité, puis sur l’idée qu’il y a des manières de ressentir davantage le plaisir en « habitant » mieux son corps et en modulant l’excitation grâce aux tensions, au rythme et à l’espace.

Sans pratiquer la sexocorporelle à mon bureau, je m’inspire des concepts de base dans le traitement, car je trouve que le corps et le cerveau sont indissociables et qu’ils peuvent influencer grandement l’expérience de la sexualité.

Si vous souhaitez rencontrer une sexologue de l’approche sexocorporelle :

https://sexologues.ca/consultation-sexologue/

Ou chercher par approche sur le site de l’ordre :

www.opsq.org